Auteur : Yannick Lacoste
Il ne peut y avoir d’engagement sans confiance. Mais la confiance est une notion qui ne souffre pas de nuance. Elle est absolue. De fait, si je demande à mon meilleur ami s’il a confiance en moi et qu’il me répond « un peu », alors c’est qu’il n’a pas confiance en moi. La confiance ne se mesure pas, elle est entière. J’ai confiance en toi, en moi, oui ou non. Mais cette confiance se construit, elle se nourrit de notre propre capacité à dépasser un certain nombre de barrières, d’auto sabotage, de ce que l’on appelle les croyances limitantes.
Une croyance limitante est un prisme, entre nous et le monde qui nous entoure. Il influence notre ressenti, notre attitude vis à vis de ce monde et nous conduit peu à peu à construire une carte mentale de notre environnement, en fonction de comment nous nous l’imaginons. La plupart de nos croyances ne nous appartiennent pas vraiment. Pour être plus précis, elles nous ont été transmises par nos parents, nos professeurs, nos relations, nos collègues de bureau. Nos croyances proviennent aussi de notre vécu et de nos expériences passées, bonnes ou mauvaises. Nous en tirons un enseignement global, une généralité. Bref, une croyance.
Il y a les croyances limitantes que nous nous appliquons à nous même par exemple:
« Je n’y arriverai pas, Les gens ne m’écoutent pas, Je suis trop vieux pour apprendre, Je n’ai jamais de chance, J’ai toujours été fâché avec les maths… »
Ou bien encore ces croyances limitantes que nous exprimons sur ce qui nous entoure :
« Le monde actuel est trop dur, On ne peut pas tout avoir dans la vie, C’est trop beau pour être vrai »,
ou bien encore :
« Il faut trimer pour réussir ».
« Nous sommes ce que nous pensons. » disait Bouddha. La vérité est que nous vivons et agissons non pas en fonction de nos capacités mais bien en fonction de nos croyances. Nous faisons les choses non pas en fonction de ce que nous sommes en capacité de réaliser mais bien en fonction de ce que nous nous croyions capables de faire. Et quand nous exprimons ce type de croyances limitantes nous réduisons forcément notre champ du possible.
Peut-être connaissez-vous l’effet Pygmalion mis à jour par le Robert Rosenthal, chercheur en psychologie sociale, au cours d’une de ses expériences. L’expérience eut lieu sur toute une année dans une école défavorisée de San Francisco, dans laquelle de nombreux élèves étaient en situation d’échec. En septembre, l’équipe de chercheurs de Rosenthal fit passer des tests à tous les enfants. Mais ils gardèrent les résultats pour eux, et firent croire aux professeurs qu’il s’agissait d’un « tout nouveau test mis au point à Harvard, et destiné à détecter les élèves susceptibles de progresser de manière spectaculaire pendant l’année à venir ». Les chercheurs sélectionnèrent ensuite, totalement au hasard, cinq enfants par classe, et firent croire aux professeurs que ces enfants avaient eu d’excellents résultats au test, et qu’on pouvait s’attendre à ce qu’ils fassent des progrès très importants au cours de l’année. L’année scolaire passa, et les chercheurs refirent leur apparition pour faire de nouveau passer des tests à tous les élèves pour comparer les résultats des élèves dits normaux et ceux des élèves désignés comme prometteurs. Comme vous l’avez peut-être deviné, les élèves désignés comme « prometteurs » eurent en moyenne beaucoup plus progressé que les autres. Pourquoi ? La raison est simple. Le professeur Rosenthal était une éminence, une référence. Une de ces personnes que l’on n’ose pas remettre en cause. En plus, Il arrivait avec sous le bras un test d’Harvard. Imaginez-vous… Harvard. Bref toutes les conditions étaient réunies pour conditionner les enseignants. Quand les soit disant « bons élèves commencèrent à avoir de bon résultats, c’était normal, attendu. Mais dans le cas contraire, les enseignants n’hésitaient pas à eux-mêmes se remettre en cause « J’ai surement mal fait, je vais tenter de leur enseigner d’une autre façon ». Quant aux élèves dont ils n’attendaient rien de spécial, aucun effort supplémentaire n’était fait.
Voilà comment on construit des prophéties auto-réalisatrices : Ici, les élèves dont on s’attend à ce qu’ils réussissent, réussissent mieux en partie à cause de cette attente… car effet, lorsque nous avons une croyance, notre cerveau fait tout pour la valider… et devinez quoi, il y arrive !
Je me rappelle de ce papa aux entraînements de foot où j’amenais mon petit neveu, qui n’arrêtait pas de dire à son fils :
« Tu vas tomber, tu vas rater la balle, qu’est-ce que tu es maladroit ! ».
Et évidemment le petit en question tombait plus que ses camarades. Un jour je décidai de m’approcher de ce papa pour lui dire :
« Vous savez pourquoi votre fils tombe ainsi, si souvent ? C’est parce qu’il vous aime… et qu’inconsciemment, il veut vous faire plaisir quand vous lui dites : tu vas tomber ! ».
Alors à toutes les mamans et tous les papas qui sont ici, si vous croyez à la théorie des prophéties autoréalisatices, un conseil : révisez comment vous parler à votre enfant, et changer les phrases négatives par des phrases d’encouragement.
Lorsque Pascal Dupraz est nommé entraineur du Toulouse FC en mars 2016, lors de sa première conférence de presse, ses mots sont les suivants :
« Quelques fois j’entends que le TFC, au vu de son classement, à une chance sur un milliard de se maintenir. Pour moi, il a une chance sur deux. Soit il se maintient, soit il ne se maintient pas. Pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire, le TFC est en Ligue 1 ». On connait la suite de l’histoire.
On connait la suite de l’histoire.
Avoir confiance en soi c’est aussi cela. Savoir se débarrasser de ses croyances limitantes, pour se dire que tout est possible, que si ce n’a pas été fait jusqu’à présent, cela ne signifie pas que cela soit impossible, et que nous sommes capables de le faire.